mardi 20 décembre 2011

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee fait partie des classiques enseignés aux États-Unis. (je vous mets la couverture de l'édition américaine, aussi, d'ailleurs, parce que je la trouve très belle). Je l'avais croisé au hasard des lectures de personnages de certains des romans que j'ai parcouru récemment, et en plus une lecture commune était organisée sur Livraddict. Il était donc temps que je découvre à mon tour cet ouvrage.

4ème de couverture : Dans une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.

Comme je le disais, ce livre est un classique outre-Atlantique. Or, il n'est presque pas connu par chez nous (à moins que ce ne soit juste moi qui suis passée à côté jusque-là ?). Et je comprends parfaitement que ce livre soit ainsi étudié dans les lycées américains.
On y suit trois années de la vie d'une fillette en Alabama, dans les années 40. C'est un ancien état sudiste, l'esclavage n'existe plus, mais les Noirs ne sont pas pour autant considérés comme des gens "comme les autres". Ils ont le droit d'être domestiques, de vivre en-dehors de la ville dans des cabanes branlantes… Cette vie peu reluisante n'est pourtant pas au cœur du roman… du moins de prime abord. La fillette, Scout, s'intéresse surtout à la maison voisine de la sienne, où vit un homme reclus depuis bien avant sa naissance. Elle ne l'a jamais vu, et, comme tous les enfants, elle s'interroge sur lui et sa vie cachée. Elle vit sa vie d'enfant en passant tous les jours devant, tandis que le monde des adultes tourne autour d'elles, que certains lui demandent de se comporter comme une "dame", que son père, avocat, doit défendre un Noir, soulevant la vindicte des habitants de la ville…
La construction du roman est ainsi vraiment très très bien pensée. On en arrive naturellement à ce qui est un élément important, sans qu'il ne soit évoqué dès le départ, sans même que l'enfant se rende compte au départ de ce qui est en train de se passer.
Il faut dire que Scout vit dans un monde d'enfants : sa mère est morte quand elle avait 2 ans, son père lui laisse une très grande liberté (il n'a qu'une seule règle : respecter les autres et apprendre à se mettre à leur place. Les seules occasions où il hausse le ton sur ses enfants sont quand ils se dérobent à cette règle. C'est une très belle philosophie de la vie, je trouve) et son grand frère lui sert de référent.
Pourtant, il s'agit bien d'un livre "pour adultes". L'écriture est savamment travaillée, la construction intelligente, et le ton est celui d'une adulte qui se penche sur son passé. Et, l'air de ne pas y toucher, ce livre nous parle de racisme et de respect des autres… J'ai bien aimé qu'il fasse réfléchir sans être moralisateur ou donneur de leçon. L'auteur mise sur notre intelligence tout comme le père de Scout le fait avec elle. Et ça marche.
D'ailleurs, venons-en un peu à l'auteur. Harper Lee est en fait une femme, dont le prénom est Nell. Elle a choisi de l'oublier lors de la parution de son roman, pour faire croire à un auteur masculin. Celui-ci reste à ce jour son seul roman, même si certains pensent qu'elle aurait pu en écrire d'autres sous des pseudonymes. Il faut dire que ce dut être difficile pour elle de faire "mieux" que ce premier ouvrage, qui reçut le prix Pulitzer en 1961.

Bref, comme vous l'aurez compris, ce roman est une très belle découverte, et je trouve réellement dommage qu'il ne soit pas plus étudié dans nos contrées.

(le lien vers la discussion sur la lecture commune de ce livre sur Livraddict, où vous trouverez les messages des autres participants)

4 commentaires:

  1. et bin didonc tu donnes envie de le lire didonc...

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  2. Je l'avais déjà vu et noté après une autre critique. Maintenant que j'ai lu la tienne, j'ai encore plus envie de le lire !

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  3. J'ai apprécié ma lecture. Toutefois, j'ai été assez déçue que le procès prenne aussi peu de place. Je m'attendais à ce qu'il soit l'élément clé de l'histoire mais pas du tout..

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  4. C'est vrai qu'il fait réfléchir sans donner un air moralisateur comme peuvent le faire d'autres livres sur le même sujet.

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