mercredi 15 avril 2020

Terre de Brume

J'ai lu Terre de Brume de Cindy van Wilder



4ème de couverture

Dans un univers envahi par la brume, deux jeunes femmes unissent leur magie pour sauver le monde de la destruction. Depuis l'enfance, Héra vit dans le sanctuaire des Prêtres de l'Eau, où elle apprend à maîtriser sa magie pour devenir guerrière. Au cours d'une mission, elle rencontre Intissor, une soeur de Feu venue avertir les habitants d'un terrible danger. Mais il est déjà trop tard : une vague de brume, peuplée de créatures ni mortes ni vivantes, frappe le sanctuaire. Et elle frappera encore.


Mon avis


Je crois que j'ai déjà lu presque tout ce que Cindy van Wilder a écrit, toujours avec beaucoup de plaisir (il me manque La lune est à nous, qui est dans ma wish list depuis un moment et que j'adorerais découvrir).
J'avais hésité un peu sur Terre de Brume, à cause de l'aspect Fantasy. J'ai lu énormément de romans de ce genre à une période, au point de m'en dégoûter. Maintenant, j'en lis beaucoup moins, et j'y vais toujours avec beaucoup de circonspection. Pourtant, j'aurais pu plonger dans celui-ci sans aucun souci.
Et quand je dis "plonger", ce n'est pas par hasard. Imaginez un monde sans eau, où les bateaux flottent sur la brume, avec la crainte d'y tomber (pas de poissons à pêcher, ici, ni de plongée sous-brumarine... la brume mord, elle attaque et détruit, elle est tout sauf accueillante). Il y a encore un peu d'eau pourtant, mais elle sert surtout à la magie. Car certains habitants de cet univers détruit sont des magiciens. Ils maîtrisent les éléments (eau et feu sont les plus connus, et les prêtres de l'eau sont les plus reconnus, les plus nobles, ceux qui manquent le moins au quotidien.
Dans ce monde, vous suivrez d'abord Héra, qui fait partie des magiciens de l'eau. Orpheline, elle ignore que sa mère était elle aussi une prêtresse, et qu'elle est morte en tentant de sauver leur monde. En effet, chaque acte magique génère aussi, systématiquement, de la brume. Avant la naissance d'Hera, toute cette brume était conservée dans des réservoirs. Un jour, ces réservoirs n'ont plus pu contenir la brume et c'est ainsi qu'elle s'est répartie sur l'ensemble de la terre, la réduisant à quelques portions congrues. Et certains, dont la mère d'Hera, pensait que cet accident était en réalité un acte criminel.
Très rapidement, Héra va rencontrer Intissar. Intissar, elle, maîtrise le feu (avec quelques petits pouvoirs particuliers en plus...). Toutes les deux, elles vont devoir lutter contre de nouveaux événements, qui menacent grandement leur monde. Elles devront apprendre à se connaître, à se respecter, tout en dépassant les limites que leurs congénères leur ont posées.
Tout est bien pesé dans ce roman. Aussi bien la relation entre les personnages que l'univers dans lequel elles évoluent. Il n'y a pas un chapitre en trop, pas un moment où l'on s'ennuie... Et les bases de cet univers sortent allègrement des clichés de la fantasy que je ne veux plus lire (pas de jeune et pauvre héros qui rencontre un mentor et découvre qu'il est l'objet d'une prophétie en parcourant le monde, par exemple). C'est intéressant, parce que c'est novateur, parce qu'il y a surtout des personnages féminins (relisez l'article sur le sexisme en fantasy pour comprendre pourquoi c'est bien)... et parce que c'est bien, tout simplement !

D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que cette histoire va être adaptée en podcast radiophonique (j'ai hâte de l'entendre !)

mercredi 8 avril 2020

L'Incroyable histoire de Charlie Kairn

Grâce à Librinova, j'ai reçu L'Incroyable histoire de Charlie Kairn  de Christophe Tsunoda


 
4ème de couverture
Charlie fait partie de ces cumulards, pas bien terminé, avec un défaut de fabrication important, il voit le jour dans une famille dysfonctionnelle.
Devant ce cumul de malchances, deux possibilités, soit renoncer et se retirer du jeu, soit résister et bâtir sa vie seul.
Très vite, dès le plus jeune âge, Charlie fait son choix il va apprendre à se battre pour se construire.
Se battre face à sa famille, face à lui-même, et face aux autres qui sont tout sauf bienveillants.
C’est lui qui va décider et qui choisira ceux qui vont l’aider.
Dans ce livre Charlie règle ses comptes, « vide son sac », il raconte sans tabou avec ses rires et ses larmes, comment il a pris sa vie « à bras le corps », sa famille, ses amis, ses amours.
En France d’abord, mais trouvant les lieux un peu « étroits » il part… L’Australie dans un premier temps, et puis, et surtout, la rencontre la plus marquante, le Japon.
Ce sera une rencontre avec un pays, une civilisation mais aussi des personnes qui vont lui permettre de prendre sa revanche et de devenir enfin l’adulte maître de sa vie qu’il a toujours voulu être.


Mon avis

J'avoue que je reste assez dubitative face à cet ouvrage. J'ai beaucoup aimé l'aspect dépaysant du séjour du héros au Japon (le passage en Australie manque un peu de relief à mon goût). Et il y a là un récit de vie assez bien construit, avec un parcours de résilience certain. 
Mais on a parfois du mal à voir où l'auteur veut en venir. Il y a des redites sur certains passages, et de larges ellipses ailleurs. Il est relativement facile de s'attacher au personnage principal, à ses déboires et, en même temps, une certaine distance se crée, que je ne saurais expliquer. Peut-être parce qu'il y a trop de choses lourdes d'un côté, et en même temps trop de choses qui fonctionnent tout de suite de l'autre. Ça fait beaucoup pour une seule personne, et l'histoire en perd en crédibilité. 
On a là une succession d'épisodes, avec une volonté parfois d'aller dans le pathos, mais presque sans réel fil rouge. 
Par ailleurs, la fin arrive de manière abrupte. La résolution est un bel exemple d'ellipses !
Quelques petites fautes de syntaxe parsèment l'ouvrage. Pas assez pour gêner la lecture, mais dérangeantes à force. 
Malgré tout cela, le livre se lit très bien, l'écriture est fluide. Mais je n'ai jamais réussi à sympathiser, autrement que par pitié pour ce qu'il vivait, au personnage, et c'est dommage...

jeudi 2 avril 2020

Les Incroyables Aventures des soeurs Shergill

J'ai lu Les Incroyables Aventures des soeurs Shergill de Balli kaur Jaswal



4ème de couverture

Après Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique, Balli Kaur Jaswal livre un roman cocasse et émouvant sur la complexité des relations familiales, la double culture. Un Darjeeling Limited féminin, et féministe, des plus savoureux.

Dans la famille Shergill, il y a :

Rajni, l'aînée, mère de famille au bord de l'implosion depuis que son fils ado lui a fait une révélation fracassante.

Jezmeen, la séductrice un brin égoïste, petite actrice londonienne dont le dernier
bad buzz tourne en boucle sur les réseaux sociaux.

Et enfin, Shirina, la docile cadette, dont le parfait mariage arrangé commence à sérieusement battre de l'aile.

Trois sœurs que tout oppose et qui vont devoir se supporter pour réaliser la dernière volonté de leur mère : accomplir un pèlerinage en son honneur en Inde, de Delhi au Temple d'or d'Amritsar.

Combien de temps avant que tout dérape ?

Les voies d'une mère sont impénétrables... Dans ce pays aux facettes multiples, et parfois violentes, les sœurs Shergill embarquent pour un incroyable voyage à la découverte de leurs racines et d'elles-mêmes.

Mon avis


J'aime bien les ouvrages qui me dépaysent. Je n'ai jamais mis les pieds en Inde autrement que dans des livres, et celui-ci m'a une fois de plus fait voyager. J'ai ainsi tenu compagnie à trois sœurs, qui se retrouvent sur place parce leur mère leur a fait jurer, sur son lit de mort, d'y faire un pèlerinage en son honneur. 
Elles ne sont pas franchement enchantées d'être sur place, elles font toutes les trois face à des événements perturbants dans leur quotidien, qu'elles tentent de se cacher mutuellement. Ce n'est donc pas les meilleures conditions pour voyager.
Certains secrets ne se révèlent qu'au fil de l'ouvrage, ce qui maintient la tension. Et les trois personnage sont aussi attachantes les unes que les autres (je serais incapable d'en nommer une préférée). 
Ce livre parle donc aussi fort des liens familiaux que de voyage, et le mélange des deux est très réussi. 

Femmes invisibles

J'ai lu Femmes invisibles de Caroline Criado Perez



4ème de couverture


Bienvenue dans un monde fait pour les hommes...
Imaginez un monde où votre téléphone portable vous glisse des mains parce qu'il est trop grand, où vous faites la queue des heures pour aller aux toilettes, où les médicaments que l'on vous prescrit peuvent être mauvais pour votre corps, et où un grand nombre de vos heures travaillées ne sont pas payées...
Si l'un de ces scénarios vous est familier, c'est sans doute que vous êtes une femme.
Cela semble incroyable, mais c'est pourtant une réalité : la plupart des infrastructures et équipements que l'on utilise quotidiennement ont été pensés sans égard aux différences entre les sexes. Pourquoi ? Parce que ce sont des hommes qui ont imaginé le monde dans lequel on vit, et qu'ils l'ont imaginé pour des hommes, à leur image.
Ainsi, si les femmes ont souvent froid sur leur lieu de travail, c'est parce que la température des bureaux est basée sur le métabolisme d'un homme. Si elles sont plus susceptibles d'être gravement blessées lors d'accident de la route, c'est parce que les tests de sécurité sont effectués sur des hommes d'1,77 m pesant 76 kilos. Enfin, si elles ont davantage de risques de mal réagir à certains médicaments, c'est, encore une fois, parce que les tests scientifiques sont effectués sur des hommes, sans prendre en compte les spécificités du corps féminin.
Tout au long de cette enquête stupéfiante, Caroline Criado Perez montre que les femmes sont tout simplement absentes de la majorité des études statistiques, au détriment de leur santé, de leur sécurité, et parfois même de leur vie.

Mon avis


Ce livre se base sur les chiffres pour expliquer à quel point les femmes sont laissées de côté dans la société. Et c'est édifiant. Les chapitres abordés m'ont fait réfléchir à de nombreux sujets auxquels je n'avais jamais pensé. Pour moi, les choses étaient ainsi, c'est tout, et je n'imaginais même pas qu'elles pourraient être autrement ni pourquoi ce devrait être le cas.

Il n'empêche que quand on apprend que les crash-test des voitures ne prévoient que des hommes comme conducteurs, ou que les médicaments ne sont pas testés et dosés pour des corps féminins, cela devient légèrement inquiétant.

Le livre est rempli de données qui mettent en avant de nombreuses inégalités. Il y a beaucoup de chiffres, d'études, et pourtant ce n'est pas trop aride, et loin d'être trop scientifique. Ce sont des faits, simplement, exposés avec un peu de parti pris, certes, mais comment ne pas réagir face à toutes ces données cumulées ? 

Bref, c'est un ouvrage édifiant, qu'il faudrait mettre entre toutes les mains, des hommes comme des femmes (et qui donnerait presque envie de s'engager en politique !)

deux fleurs en hiver

J'ai lu Deux fleurs en hiver de Delphine Pessin



4ème de couverture

L'une, Capucine, a décidé d'effectuer son stage dans un Ehpad. Elle change de couleur de perruque en fonction de son humeur et au fil des découvertes du métier d'aide-soignante.
Violette, quant à elle, est une nouvelle résidente déboussolée qui vient d'arriver à l'Ehpad. Émue par le désarroi de Violette, Capucine fait des pieds et des mains pour lui redonner le sourire.

Leur rencontre va dynamiter la vie plan-plan de la maison de retraite et bousculer leurs coeurs en hibernation !

Mon avis


Le titre et la rencontre entre les deux personnages principaux m'ont attiré vers ce livre. Et j'ai eu bien raison de me laisser tenter.
On y suit Capucine, qui entame son stage en Ehpad. On comprend très vite qu'elle a subi un événement traumatique, qu'elle cache plus ou moins sous ses multiples perruques colorées.
L'autre personnage principal est Violette, qui vient d'intégrer cet Ehpad, pas vraiment de son plein gré, mais plus pour rassurer son fils, et qui est triste de se retrouver dans cet "établissement pour vieux".
Les chapitres alternent les points de vue de l'une et de l'autre, alors qu'elles se rapprochent, et que leur passé se dévoile peu à peu.
C'est une très jolie histoire, et je me suis prise au jeu de ce récit. C'est peut-être aussi lié à la période qu'on traverse, mais de lire cette histoire d'Ehpad, entre personnel surchargé et personnes qui tentent de s'y acclimater, m'a particulièrement touchée. Au point que, non seulement, j'admire encore plus ceux qui y travaillent, mais j'envisagerais presque de les rejoindre !
Le roman se lit très rapidement, il est très doux, malgré des épisodes difficiles. On y sent surtout une grande tendresse de l'autrice pour ses personnages. Il peut d'ailleurs se lire quel que soit l'âge, de 15 ans à l'âge adulte, et tout le monde s'y retrouvera. Il peut aussi se transmettre pour l'entrée en établissement d'une personne de la famille. Bref, c'est un livre à lire et à partager !