mardi 19 mai 2020

Avril - Tome 1

J'ai lu Avril, tome 1 de Léa Como




4ème de couverture

Avril est furieuse ! Inscrite par son père dans un internat, Schooltime, perdu au fin fond du Texas, la voilà obligée de quitter sa meilleure amie, son lycée et sa vie bien rangée. Pourtant là-bas, l'accueil qu'on lui réserve ne pourrait être plus chaleureux. Elle attire même l'attention de Jeff, un garçon séduisant qui semble déterminé à se rapprocher d'elle.
Mais sous des apparences tranquilles, Schooltime regorge de secrets. Avril va très vite le découvrir, le danger rôde dans cet internat coupé du reste du monde. Bien décidée à percer le mystère des lieux, Avril se lance dans une enquête qui risque de lui coûter très cher…


Mon avis


Le thème du livre était intéressant : un internat plein de mystère, caché en pleine nature... Malheureusement, j'ai trouvé que le style ne répondait pas au suspense attendu. Pour tout dire, il le surjouait même un petit peu.

tout commence quand Avril, une jeune française, est envoyée dans un pensionnat américain. Son père, du jour au lendemain, part travailler au bout du monde et, plutôt que d'emmener sa fille avec lui, il décide de la mettre en internat. Pourquoi ? C'est une question dont la réponse tarde à venir.
Avril se retrouve donc dans cet internat, où tout le monde parle français. Une chance pour elle (mais alors, pourquoi devoir aller à l'étranger si ce n'est même pas pour apprendre les langues ?).
Elle y rencontre des étudiants venus de plusieurs parties du monde. Elle tombe littéralement dans les bras, dès son premier jour, du séducteur de service.
Bref, ce personnage est vite agaçant. Elle surréagit dès qu'il se passe quelque chose, mais ne se pose pas les bonnes questions. Elle passe son temps à craquer sur mister beau gosse tout en cherchant à le repousser au maximum.
L'intrigue ne tourne pas seulement autour d'eux. On a promis du mystère, et il y en a. Pourquoi tous les étudiants de dernière année disparaissent ainsi définitivement après leurs examens, par exemple. Mais le personnage principal est tellement centré sur ses propres impressions que l'intrigue passe un peu derrière. Et autant vous dire que ces dites impressions sont un peu répétitives.
J'avoue qu'il est très difficile de lire un ouvrage (assez épais, qui plus est) dont le personnage principal est tellement cruche et exaspérant. Quand elle découvre quelque chose, quand elle s'enfuit, elle surjoue tout ce qui se déroule.
Bref, ce n'est pas une réussite pour moi... et je ne lirai pas le tome 2.

mercredi 13 mai 2020

Ma vie sur mars

J'ai lu Ma vie sur Mars de Antoine Brivet et Sylvie Baussier


4ème de couverture

17 septembre 2111 : ça y est, c'est le grand départ. Après des semaines d'entraînement intensif, ma mère et moi partons avec d'autres scientifiques nous installer sur Mars ! Même si je suis habituée aux voyages dans l'espace, là, c'est une autre histoire. Nils, le seul garçon de la mission, n'est pas non plus très rassuré. Et surtout, réussirons-nous à cacher nos petits - enfin, pas si petits ! - secrets ? Parés au décollage... il va y avoir du mouvement pendant le voyage !

Mon avis


Il s'agit là d'un livre jeunesse très rapide et facile à lire pour les jeunes lecteurs. On y suit deux jeunes enfants envoyés en mission sur mars avec leur famille. Sauf que dans leurs valises, ils ont emmené des éléments non autorisés. Alors que le voyage pourrait tourner à la catastrophe, c'est pourtant grâce à l'ingéniosité de ces enfants, et à leurs compagnons surnuméraires, que tout se passe bien.
Les pages se lisent vite, avec de grandes illustrations. Les deux personnages principaux sont un peu interchangeables, mais leur énergie est rafraîchissante.
Et puis, c'est un thème qui n'est pas encore très souvent abordé pour cette tranche d'âge, donc cela rend l'ouvrage encore plus intéressant. D'autant que, tout en restant largement abordable, le livre aborde certains thèmes liés à la spécificité des voyages spatiaux.

2105 Mémoire interdite

J'ai lu 2105 Mémoire interdite de Anouk Filippini


4ème de couverture

« Et si, une fois par an, deux jeunes gens passaient du statut de pauvres humains à celui de Dieux immortels ? Et si, une fois par an, deux Vulnérables, destinés à une vie monotone et brève, rejoignaient le clan de ceux qui possèdent le plus grand des privilèges : le temps ? » En 2105, il n'existe plus que deux classes sociales : les Lastings - des privilégiés qui à l'adolescence reçoivent un sérum leur permettant de vivre 400 ans - et les Vulnérables, les citoyens ordinaires. Une fois par an, un grand concours est organisé pour permettre à de jeunes Vulnérables de recevoir le précieux sérum. Les épreuves portent sur leurs capacités cérébrales. Contre l'avis de sa mère, la jeune Sophia décide de participer, mais elle est bientôt assaillie par des visions troublantes qui semblent surgir d'une époque taboue pour le gouvernement mondial : les années 2000. Pour survivre, Sophia va devoir choisir entre l'oubli et la mémoire. Une dystopie sur le thème de la mémoire et de la manipulation. Une héroïne touchante qui entre en rébellion contre un système oppressant.

Mon avis


 Je suis une grande fan de dystopie. Je ne pouvais donc manquer d'avoir envie de découvrir celle-ci. Le postulat de base était intéressant : entre ces gens qui vivent 400 ans et les autres, moins bien lotis, qui ont une durée de vie normale et qui doivent les servir, vivre dans de moins bonnes conditions...
Plus pour faire plaisir à son amie (qui sera bientôt traitée pour vivre 400 ans) que par désir réel, Sophia s'inscrit au jeu qui permet de bénéficier du traitement prolongateur de vie, offert une fois par an à un jeune normal. 
Et c'est là que tout part en vrille... Sophia développe une maladie étrange et son amie l'entraîne dans la clandestinité pour la soigner.
Sophia est d'abord un personnage très passif. Elle est quand même prête à accepter de vivre 400 ans juste pour ne pas contrarier son amie, alors qu'elle sait qu'elle devra dire adieu à sa mère, qu'elle adore, si elle gagne le jeu. Elle la suit ensuite, presque sans poser de questions, quand son amie lui fait rejoindre un camp de rebelles. Enfin, des rebelles bien passifs, qui ont juste décidé de ne pas accepter le traitement, mais qui ne veule surtout pas faire plus de vague. 
L'importance du jeu, qui ouvre le livre, semble alors toute relative... alors même qu'il est au centre de l'intrigue. Et c'est cette dichotomie entre une pression réelle et une lubie, entre une révolution nécessaire mais que personne ne veut faire, qui m'a surtout gêné dans l'ouvrage. 
Ça, plus une fin qui retombe étrangement à plat. 
C'est dommage, parce que le titre était prometteur, mais je n'ai jamais vraiment réussi à accrocher, faute de trouver un fil conducteur réel qui susciterait la tension.

La grâce du dindon déplumé

J'ai lu La grâce du dindon déplumé par Juliette Rontani



4ème de couverture

Angélique Bouchon porte très mal son prénom. Grincheuse, sarcastique, piquante et solitaire, son bonheur réside au fond d'un paquet de chips barbecue englouti devant une bonne série. Avec sa voix rauque, ses grosses lunettes et sa dose explosive d'auto-dérision, elle ne passe jamais aussi inaperçue qu'elle le voudrait. Elle a une famille foutraque, des amies expansives, des copains pas malins, elle "fréquente" un garçon ténébreux qu'elle aimerait sortir des ténèbres, mais pas totalement non plus. Enfin, elle va vous raconter...

Mon avis


Si j'ai bien aimé le caractère du personnage principal, je suis un peu plus dubitative quant aux aventures et au style de l'autrice. Les pages se suivent très vite, on est dans un langage parlé, censé retranscrire directement les pensées d'une adolescente. Peut-être parce que je n'en suis plus une, j'avais parfois un peu de mal avec le ton qu'elle employait ou ses opinions. 
Certains faits allaient aussi vers l'exagération (notamment concernant la pauvreté de sa famille).
Pour le reste, l'histoire est plaisante à suivre. On se demande comment elle va se sortir de ses amours, qui elle choisira entre les deux garçons qui soudain s'intéressent à elle, si elle arrivera à être  heureuse, mieux dans sa peau.
Mais... J'ai l'impression de ne pas avoir eu de réponse à mes questions principales. La fin retombe un peu comme un soufflé, j'avais cette impression qu'il me manquait quelque chose. 
Je reste donc assez mitigée sur l'impression que m'a laissé cet ouvrage. D'un côté, il présente une verve rafraîchissante. De l'autre, il sent plus le roman Wattpad que l'ouvrage qui mérite d'être remarqué. (et après vérification, c'est le cas, il est bien sorti d'abord sur Wattpad). 
 

La creperie des petits miracles

J'ai lu La Crêperie des petits miracles de Emily Blaine



4ème de couverture

Adèle a tout quitté  : Paris, le grand restaurant dans lequel elle travaillait, la pression constante des cuisines, la misogynie du chef qui la bridait chaque jour un peu plus. Pour échapper au burn out, elle s'est réfugiée chez une amie de sa grand-mère, à Saint-Malo. Dans la crêperie de Joséphine, elle reprend petit à petit ses marques, restant loin des cuisines mais s'occupant du service et des clients. Dans ce cocon gourmand et chaleureux, elle devient celle à qui l’on demande des conseils d’écriture pour un discours municipal, un dossier de candidature ou une lettre de réclamation. Alors, quand la crêperie est menacée de fermeture, Adèle est prête à tout pour empêcher que ce  bastion d'humanité et de bienveillance ne disparaisse. À tout, y compris à convaincre Arnaud Langlois, puissant homme d'affaires fraîchement divorcé, de devenir son associé. 

Mon avis


Un roman qui parle d'amour, de nourriture et de Saint-Malo ? C'est plutôt un bon départ pour la gourmande que je suis.
J'ai donc pris beaucoup de plaisir à suivre les aventures d'Adèle et d'Arnaud. Les chapitres alternent leurs points de vue, et on suit donc leurs questionnements et leurs ressentis au fur et à mesure. J'ai beaucoup aimé Adèle, sa candeur, son mélange de fragilité et de force. On sent très vite qu'elle a un passif lourd et celui-ci se dévoile peu à peu. Son plus gros défaut : elle ne sait pas baisser la garde. Laisser quelqu'un rentrer dans sa vie et la sortir de sa cuisine ? Impossible, pour elle.
Un peu forcée par le destin, elle va rencontrer Arnaud. Lui, c'est un homme d'affaires. Un pur, un dur, un pas tatoué, mais un divorcé. Il ne veut plus de femme dans sa vie... Et pourtant dès la première rencontre, ou presque, il tombe sous le charme d'Adèle.
Sa passion soudaine est un peu rapide (j'ai toujours du mal avec les coups de foudre), mais sa belle est plus réticente, et insiste pour laisser de la distance entre eux.
Elle a besoin de lui pour créer son restaurant, il a besoin de son restaurant pour pouvoir la revoir...
Evidemment, c'est une romance, donc on sait comment cela va finir. Mais j'ai beaucoup aimé l'entourage d'Adèle, ses amies pour lesquelles elle se dévoue... et j'ai très envie de goûter sa cuisine, qui semble tant enchanter les gens.
Bref, un roman qui se dévore, pour passer un bon moment. Il contient quelques facilités, mais cela fait du bien, parfois, de juste se laisser aller. 

jeudi 7 mai 2020

Génération offensée

J'ai lu Génération offensée de Caroline Fourest



4ème de couverture

«  C’est l’histoire de petits lynchages ordinaires, qui finissent par envahir notre intimité, assigner nos identités, et censurer nos échanges démocratiques.  Une peste de la sensibilité. Chaque jour, un groupe, une minorité, un individu érigé en représentant d’une cause, exige, menace, et fait plier.
Au Canada, des étudiants exigent la suppression d’un cours de yoga pour ne pas risquer de «  s’approprier  » la culture indienne. Aux États-Unis, la chasse aux sorcière traque les menus asiatiques dans les cantines et l’enseignement des grandes œuvres classiques, jugées choquantes et normatives, de Flaubert à Dostoïevski. Des étudiants s’offusquent à la moindre contradiction, qu’ils considèrent comme des «  micros-agression  », au point d’exiger des «  safe space  ». Où l’on apprend en réalité à fuir l’altérité et le débat.
Selon l’origine géographique ou sociale, selon le genre et la couleur de peau, selon son histoire personnelle, la parole est confisquée. Une intimidation qui va jusqu’à la suppression d’aides à la création et au renvoi de professeurs. La France croyait résister à cette injonction, mais là aussi, des groupes tentent d’interdire des expositions ou des pièces de théâtre… souvent antiracistes  ! La police de la culture tourne à la police de la pensée.  Le procès en «  offense  » s’est ainsi répandu de façon fulgurante. «  L’appropriation culturelle  » est le nouveau blasphème qui ne connaît qu’une religion  : celle des «  origines  ».  »C. F.Sans jamais vouloir  revenir à l’ancien temps, Caroline Fourest trace ici une voie authentiquement féministe et antiraciste, universaliste, qui permet de distinguer le pillage de l’hommage culturel.

Mon avis


Ce livre m'a parlé parce qu'il touche à des questions que je me pose régulièrement. Quand les réseaux sociaux fustigent certains artistes parce qu'ils parlent de domaines qui ne les concerneraient pas directement (faut-il être noir pour parler du racisme ? Homosexuel pour camper un personnage qui l'est ?), la question du mélange des cultures devient un sujet de débat.
Certes, tous ceux qui craignent l'appropriation culturelle ne pourront pas être d'accord avec Caroline Fourest, qui est nettement de parti pris, et ne s'en cache pas. Son parti pris est pourtant celui de l'universalisme, et elle le défend en présentant toutes les dérives possibles de la ghettoïsation de la culture.
Entre la crainte de l'invisibilisation, celle de se faire déposséder de leur histoire et les combats militants, de nombreux mouvements poussent leur lutte jusqu'au paroxysme. Comment peut-on contraindre des célébrités à présenter des excuses publiques parce qu'elles portent des tenues ou des coiffures issues de certaines civilisations, faire renvoyer des universitaires parce qu'ils évoquent des sujets d'ouverture au monde, interdire le yoga parce que c'est un pillage de culture indienne ? C'est pourtant ce qui est déjà en train de se passer. Dans son livre, Caroline Fourest témoigne d'une censure poussée à l'extrême et qui, justement, fait le jeu des extrêmes. Quand, au lieu de chercher à relier les peuples et les différences de chacun, on ne les autorise que par certains représentants, le risque est grand de les voir encore plus rejetés.
Le livre n'a que peu de nuances. Clairement, son autrice ne comprend pas cette volonté de réduire la représentativité d'une culture à ceux qui en sont les héritiers. Elle est pourtant d'accord pour dire qu'il faut respecter cette culture, que certains excès sont malvenus... mais qu'il faut surtout l'ouvrir, au plus grand nombre, pour ne pas limiter la circulation des pensées.
C'est un ouvrage à charge, certes. Mais c'est surtout un ouvrage édifiant, qui nous ouvre les yeux sur les dérives de ce qui est déjà en train de se passer, à travers de nombreux exemples concrets et souvent affolants.
Un livre à lire pour réfléchir...

Sur le même sujet, je vous invite d'ailleurs à lire aussi les textes de Jo Ann von Haff : Comment ajouter de la diversité dans ses romans, Vous êtes écrivain, vous êtes légitime,   ou Pourquoi je ne veux pas d'un James Bond noir, sans oublier son livre sur la Diversité décomplexée

L'art d'échouer

J'ai lu L'art d'échouer de Elizabeth Day


4ème de couverture

Avec beaucoup d'humour et une courageuse sincérité, Elizabeth Day s'inspire de ses propres déboires personnels, mais aussi de son célèbre podcast How To Fail qui a vu défiler des célébrités telles que Phoebe Waller-Bridge, Alastair Campbell et David Nicholls, pour nous livrer un puissant manifeste aux accents féministes et s'élever contre les diktats de la perfection.

À l'heure des réseaux sociaux, difficile d'échapper à ce flux constant de photos de stars en bikini, de bébés joufflus et de plages paradisiaques. Si la vie ressemble vraiment à une série de hashtags tonitruants, #lovemyjob, #holidays, #bestmum, alors tant mieux ! Mais quand le travail pèse, que la charge mentale s'accumule, quand la tristesse et la colère s'installent, que le bébé tant attendu ne vient pas et qu'on est sur le point de signer les papiers du divorce, comment ne pas voir sa vie comme une succession de ratages ?

Ce sentiment d'échec, Elizabeth Day, brillante journaliste, l'a longtemps éprouvé. Jusqu'à ce qu'une rupture amoureuse dévastatrice la pousse à tout reconsidérer : et si échouer était en réalité une chance unique de se réinventer ?

Mon avis


Un livre qui nous répète qu'échouer ce n'est pas dramatique, je crois que c'est salutaire pour notre monde où l'échec est fustigé dès l'enfance avec les notes à l'école. En parlant de ses propres expériences, mais aussi de celles de célébrités qu'elle a interviewées, Elizabeth Day nous prouve que non, ce n'est pas dramatique de se planter parfois. On peut se tromper. On peut faire des mauvais choix. Ou ne pas être parfait en tout. Et ce n'est pas grave.
Elle ne s'érige pas pour autant en donneuses de leçon ou comme un guide de vie. Elle ne nous dit pas que nous allons réussir notre vie en apprenant de nos échecs, et comment y arriver. Elle met juste en évidence qu'un échec n'est justement que cela. Qu'il ne résume pas tout ce que l'on est, ni tout ce que l'on peut faire. Et qu'est-ce que ça fait du bien de l'entendre !
Ce livre est dédramatisant au possible, tout en narrant des expériences qui ont été parfois traumatisantes. Ce mélange très réussi, et les courts chapitres, essentiellement tournés vers le concret, avec juste la bonne mesure d'introspection, fait que le livre se lit très vite. C'est peut-être un essai, mais il est vraiment accessible à tous.
Sans jamais chercher à nous pousser, Elizabeth Day parvient à nous dire qu'il ne faut pas laisser nos échecs nous arrêter. Et rien que pour cette raison, cela vaut le coup de lire son livre !