mardi 22 avril 2014

Pour l'amour du chocolat

Pour le week-end de Pâques, je me suis offert une gourmandise livresque, un livre thématique : Pour l'amour du chocolat de José Carlos Carmona.



4ème de couverture :
Lausanne, 1922. Le jeune Adrian Troadec, dix-huit ans, livreur de lait de son état, tombe amoureux de la jeune violoncelliste Alma Trapolyi. Pour la séduire, il s'essaie à la musique, sans succès; puis aux échecs. Il devient champion de Suisse et découvre par la même occasion le pouvoir du chocolat : sa force, son mystère, sa douceur. Adrian a trouvé sa voie et ouvre sa boutique, Le Petit Chocolat Troadec. C'est le début d'un empire.
Le violoncelle et les échecs ont laissé Alma indifférente, mais le chocolat est une réussite : elle se rapproche d'Adrian ... et se fiance avec un autre ! De la Suisse des années 1920 à l'Amérique du jazz, les personnages, de part et d'autre de l'Atlantique, traversent un krach boursier et une guerre mondiale, affrontent la maladie, l'adultère, le suicide et la mort. Mais quand rien ne va plus, il reste toujours le goût du chocolat ...


Ce livre était présenté à la bibliothèque de ma ville et sa couverture intrigante a attiré mon œil : ce violon qui fond et se transforme en chocolat laissait supposer une coulée de mystère. Le résumé étant tout aussi alléchant, je l'ai emprunté... et je ne l'ai pas regretté.
Ce livre se lit très vite : les chapitres sont extrêmement courts, ils ne font qu'une à deux pages en moyenne. Le style est donc très simple, presque épuré, et se concentre sur l'histoire en évitant les descriptions. Les personnages ne sont pas présentés dans les moindres détails, et pourtant ils sont attachants; surtout Adrian Troadec, un livreur de lait qui, pour séduire la femme de ses rêves, devient un joueur d'échec puis un magnat du chocolat. Il est tenace, garant d'une certaine philosophie et d'un calme impressionnant. C'est le genre de personnes que l'on a envie de connaître, à l'instar de ceux qui parcourent le livre.
En racontant leurs vies, l'auteur les inscrit dans la course du temps : les grands événements qui leur arrivent sont toujours reliés à l'histoire du monde, sortie de nouveaux filmes, conflits mondiaux, musiciens qui se font connaître... Cela remet les choses dans leur contexte, sans insister dessus.

Ce livre se lit comme une petite gourmandise, un carré de littérature que l'on peut déguster sans culpabilité.

Citation : "Là, il se protégea du monde entre ses jeunes élèves et un vieux piano Steinway".

vendredi 18 avril 2014

Mon père est parti à la guerre

Il y a plein de centenaires cette année... dont celui de la guerre 14-18. Les plus jeunes aussi peuvent être amenés à mieux la connaître, grâce à certains ouvrages particulièrement bien choisis qui la leur présentent. Mon père est parti à la guerre, de John Boyne, en fait partie.
Couverture Mon père est parti à la guerre

4ème de couverture : 28 juillet 1914. Le jour où la guerre éclate, le père d'Alfie promet qu'il ne s'engagera pas. Et rompt sa promesse le lendemain. Quatre ans plus tard, Alfie ignore où il se trouver. Est-il en mission secrète comme le prétend sa mère ? Alfie veut retrouver son père.


Ce livre nous parle de la Première Guerre mondiale non pas depuis les tranchées, mais depuis le point de vue des civils restés sur place. Le personnage principal est ainsi un jeune garçon, qui a seulement 5 ans le jour de la déclaration de guerre. Son père part au front et il reste seul avec sa mère, dans une ville presque désertée des hommes. Les années de guerre sont assez peu développées, puisque la majeure partie de l'histoire se déroule quatre ans plus tard, mais les conditions de vie sont quand même plus qu'évoquées. La vie n'était pas facile non plus pour les civils... Pourtant, ce livre ne cherche pas à faire pitié : alors même qu'il évoque des événements durs, comme les séquelles laissées par les combats, il n'émet pas de jugement direct. Comme tout est vu par les yeux d'un enfant, le message principal reste qu'il faut bien avancer, quoi qu'il en soit, quoi qu'il en coute. Sans oublier pour autant, justement, les conséquences des conflits.
Il y a de l'action dans ce livre, quelques rebondissements. Suffisamment de mystère aussi pour donner envie d'avancer dans l'histoire. Les flash-backs fréquents pourront peut-être décontenancer les jeunes lecteurs, car il faut bien suivre l'histoire pour ne pas s'y perdre. Ce livre est d'ailleurs conseillé à partir de 10 ans, personnellement, je ne le ferais lire à cet âge-là qu'à des lecteurs confirmés, capables aussi d'une certaine réflexion. Les événements narrés sont loin d'être légers et peuvent inquiéter les plus sensibles.
Le personnage principal est attachant, même si l'auteur garde une certaine retenue par rapport à lui. Ses pensées sont néanmoins bien retranscrites et il est facile de se mettre à sa place. Les personnages qui l'entourent sont croqués en quelques traits qui permettent très vite de se les représenter (j'aime beaucoup sa grand-mère, par exemple).

jeudi 17 avril 2014

Trois filles et leurs mères

Cette année, c'est le centenaire de la naissance de Marguerite Duras. Pour l'occasion, j'ai lu plusieurs livres de cet auteur, que je n'avais encore jamais lue auparavant. Quand les éditions Charleston m'ont proposé de découvrir la triple biographie romancée Duras, Beauvoir, Colette, trois filles et leurs mères, de Sophie Carquain, j'ai également sauté sur l'occasion.
Couverture Trois filles et leurs mères : Duras, Colette, Beauvoir

Je trouve toujours intéressant de découvrir le parcours des artistes que j'admire, non pas en parcourant la presse people, mais pour mieux comprendre comment ils se sont construits. Cet ouvrage répond parfaitement à ce désir, et m'a amené à connaître un peu mieux ces trois figures de la littérature. Je ne m'étais ainsi jamais interrogée auparavant sur la vie de Simone de Beauvoir avant Sartre, maintenant j'imagine un peu mieux quelle petite fille elle a pu être. Et il en est de même pour Duras et Colette.
Il y a un aspect historique certain dans cette démarche, qui permet de se rappeler aussi quelle vie les femmes, et surtout les petites et jeunes filles, menaient il y a seulement un siècle. Ce n'est pas si lointain et c'est un monde derrière nous pourtant. Au-delà pourtant de la curiosité littéraire, cet ouvrage s'interroge sur les relations entre ces femmes et leurs mères. Toutes les mères comptent, toutes ont leur influence sur la vie de leurs enfants, d'une manière ou d'une autre. Certaines sont des Folcoche, d'autres sont aimantes, parfois envahissantes... Les souvenirs des mères se trouvent dans les pages de nombreux romans, même leur absence peut être parlante. Celles des trois auteurs donnés à voir dans cet ouvrage ont eu elles-aussi leur importance. Leur place dans les pages du livre ne cède d'ailleurs en rien à celle de leurs filles. Et ce rapport mère-fille se glisse parfois dans les propres souvenirs de la narratrice, qu'elle glisse parfois en fins de chapitres. Cette particularité fait de ce livre une idée de cadeau de fête des mères particulièrement pertinente... du moins si vous ne craignez pas que votre mère ne considère cet ouvrage comme un reproche (les mères citées dans l'ouvrage n'ont pas que des qualités).
L'aspect "romancé' du livre reste heureusement assez en retrait : certes, il est difficile de dire quelles conversations ont réellement eu lieu ou pas, mais les grandes lignes de la vie de ces auteurs sont elles bien réelles et facilement vérifiables. Le livre se parcourt donc facilement, donne des informations sans être aride... et m'a donné envie d'en savoir encore plus sur ces auteurs et de relire leurs œuvres. Ce qui n'est pas si mal !

En plus :
Pour lire un extrait
Une interview de l'auteur