mercredi 14 décembre 2016

M pour Mabel

Il y a des livres qui parlent d'envol et qui pourtant nous rattachent à la terre. C'est le cas de M comme Mabel de Helen Macdonald.


4ème de couverture : Enfant, Helen rêvait d'être fauconnier. Elle nourrit des années durant son rêve par la lecture.
Devenue adulte, elle va avoir l'occasion de le réaliser.
De manière brutale et inattendue, son père, journaliste qui a marqué profondément sa vision du monde, s'effondre un matin dans la rue.
Terrassée par le chagrin, passant par toutes les phases du deuil, le déni, la colère, la tristesse, Helen va entreprendre un long voyage physique et métaphysique. Elle va se procurer un rapace de huit semaines, le plus sauvage de son espèce, Mabel. Réputé impossible à apprivoiser. Elle va s'isoler du monde, de la ville, des hommes. Et emprunter un chemin étonnant.


J'ai emprunté ce livre un peu par hasard à la bibliothèque. La couverture m'a attiré, j'ai feuilleté quelques pages, j'ai aimé les phrases que j'ai glanées au vol... et je suis repartie avec.
Puis j'ai un peu retardé le moment de me mettre à le lire. Pas envie de rentrer dans cette histoire qui ne semblait pas forcément très gaie, vu que l'auteur y raconte quand même en grande partie sa réaction à la mort de son père.
Mais ce petit autour prêt à s'envoler et la relation qu'elle avait avec lui ont fini par me convaincre.
C'est un roman autobiographique, qui raconte donc comment une jeune femme se reconstruit après le décès de son père en cherchant à dresser un autour.
Ce livre parle de fauconnerie, évidemment. J'y ai appris plein d'éléments que je ne connaissais pas sur cet art. Il dévoile aussi de nombreux détails sur la vie de TH White, auteur surtout connu pour ses récits du cycle arthurien. Il y a donc de nombreux points de documentation au fil des pages.
Il y a surtout une écriture qui parle de la nature, des plumes qui caressent le vent, de la glaise qui s'accroche aux serres, des lapins qui laissent leur empreinte dans le givre cassé... Il y a plus de descriptions que d'action dans l'ouvrage et pourtant je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. D'abord parce que c'est très bien écrit. Ensuite parce que j'ai vécu ses interrogations sur ses capacités à dresser cet oiseau en même temps que l'auteur. Elle a presque réussi à me donner envie de tenter de me mettre à la fauconnerie moi-aussi (je dis presque, car me promener avec des cadavres de poussin dans les poches pour rappeler mon oiseau, ça ne me tente pas tant que ça, en fait !).
C'est un récit parfait pour l'automne, ou l'hiver, quand le soir tombe tôt, que les flammes de la cheminée viennent lécher les vitres, que les branches craquent dehors et que chaque instant de lumière prend de la valeur.

mardi 22 novembre 2016

Il nous reste le ciel- Chloé Bertrand

Il y a des livres dont on entend parler longtemps avant de pouvoir les lire. On les attend, comme une petite friandise secrète dont personne n'est encore au courant. C'est ainsi que s'est passée ma première rencontre avec Il nous reste le ciel Tome 1 de Chloé Bertrand.


4ème de couverture : Ils s’appellent Kiran, Matthew, Tobias et Charly.
Ils ont quatorze, vingt, dix et seize ans.
Ils vivent en Inde, en Australie et dans l’Utah.
Ce sont des enfants du même monde, un monde où soudain, tout va mal. Tornades, tsunamis, inondations – le dérèglement climatique brutal est à la hauteur de l’inconscience qui l’a précédé, et les conséquences sont cataclysmiques.
Pris dans la tourmente et livrés à eux-mêmes, tous les quatre vont se lancer dans une longue errance, fuyant territoires hostiles et folie humaine, à la recherche de leur famille, de lieux plus sûrs et, par-dessus tout, de l’espoir qu’une vie heureuse est encore possible, quelque part.


Les romans de fin du monde, je ne vous mentirai pas en disant que c'est un genre que j'apprécie. J'attendais donc beaucoup de celui-ci même si je me méfie souvent des romans choraux : il n'est pas toujours facile de donner véritablement une voix à chacun et parfois la narration est trop éclatée. Rassurez-vous tout de suite : ce n'est pas le cas ici !
Chaque personnage a une personnalité bien marquée. A part peut-être Kiran, qui me semble un peu en retrait par rapport à ses comparses. Il prend plus d'ampleur quand ce sont les autres qui parlent de lui que quand il s'exprime. C'est peut-être aussi qu'il est moins "grande gueule" que ses amis. Ou tout simplement que cette vois plus "plate" correspond bien à son caractère un peu timide et effacé.
La force de ce roman, ce sont en effet ses personnages. On s'attache à eux, à la quête impossible de Matthew, aux souffrances de Charly, à la douleur de Tobias... Ils sont jeunes. Alors ils ne cherchent pas d'explications aux phénomènes naturels qui les touchent. Personne n'en a, de toute manière. Ils se contentent de les vivre, de tenter de survivre alors que leurs repères sont aussi ténus que la semelle de leurs baskets après tous les kilomètres parcourus. Et j'ai été emportée avec eux.
Parfois, je me disais "c'est un peu trop"... mais au fond ce n'était pas important. Je voulais juste passer plus de temps avec eux. C'est étrange d'ailleurs, parce qu'il se passe à la fois de nombreux événements et de longs moments d'attente dans ce récit, qu'il y a des retours en arrière qui m'ont dérangée... mais que je n'ai pas lâché le livre jusqu'à la fin.