mardi 16 août 2011

On peut tout faire avec une plume

Je viens de terminer Petite Plume de Eran Kroband

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Voici ce qu’en dit la quatrième de couverture :

Ses ancêtres ont vécu pendant un siècle dans une vallée coupée du monde, où se mêlaient des Écossais émigrés et des Indiens Cheyennes. Mais un accident a détruit cette communauté de rêve, dont Petite Plume est le seul survivant. Quand il découvre l'Amérique des prédicateurs et des hamburgers, Petite Plume a dix ans, des cheveux noirs rebelles, un étrange accent gaélique et porte des tenues à la mode d'il y a cent ans. Il n'a jamais mangé de tablettes de chocolat, ignore la télévision et le téléphone, mais il cite La République de Platon et la Bible. Pour certains, Petite Plume est une créature du diable ; pour les autres, un nouveau messie. Surtout, Petite Plume sait ouvrir le coeur des hommes en délivrant une sagesse sans sermon. Son sourire persiste en nous.

Le style de l’auteur est plaisant, surtout au début. Il est léger et distrayant, utilise des images qui ne sont pas trop usées, et sait manier les rebondissements. Les premières pages condensent d’ailleurs, selon moi, le meilleur du livre. Cette rencontre entre des Cheyennes et des Ecossais du siècle dernier, coincés par hasard dans une vallée dont ils ne peuvent s’échapper, est particulièrement truculente.
On suit ensuite les pas du héros, Petite Plume, issus d’un monde oublié, en phase avec la nature. Confronté à la bêtise des hommes modernes, avides de possessions et de télévision, il s’adapte aussi facilement que s’il devait juste enfiler une nouvelle paire de mocassins.
De temps en temps, pourtant, il les considère de plus près, et émet son verdict avec une sagesse qu’on ne peut qualifier que d’ancestrale. Le plus souvent, ses sentences, pourtant simples et évidentes, amènent ceux qui l’entourent à revoir fondamentalement leur existence.
J’ai apprécié de voir les préceptes indiens prendre ainsi le devant de la scène, mais il faut bien avouer que le livre vire assez vite au grand guignol. Pourtant, même cela répond à une logique : ce sont les adultes de notre monde, hautement médiatique, qui utilisent la télévision et surenchérissent pour prouver qu’ils ont raison. Néanmoins, c’était sans doute un peu exagéré, et le roman y perd de sa fraîcheur. D’ailleurs, les personnages qui s’accumulent soudainement, à peine brossés en quelques lignes, ajoutent à cet effet de débordement. Comme si l’auteur avait soudain ouvert les vannes de sa créativité et n’avait plus su comment les refermer.

Au final, mon bilan est donc assez mitigé. J’ai l’impression que le livre n’a pas tenu ses promesses jusqu’au bout, même s’il reste très agréable à lire. Finalement, j’aurais peut-être préféré un ouvrage plus long, d’un autre style, qui se serait plus attardé sur l’adaptation de Petite Plume à notre monde… et réciproquement.

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