mercredi 22 juin 2011

L’adolescence, c’était mieux avant ?

Je viens de terminer coup sur coup deux romans plutôt destinés aux adolescents. L’un est résolument moderne, l’autre est plus tourné sur le passé. Et je dois dire que j’ai préféré le deuxième.

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Le premier, The Worldshaker, de Richard Harland, prend place dans une uchronie. Que se serait-il passé si la Guerre de Cent ans n’avait duré que cinquante ans, en se terminant d’une manière inédite ? La réponse est noyée dans cet univers où les bateaux deviennent des lieux d’habitation permanent. Col, le héros, n’a jamais quitté le navire ; son grand-père non plus, il en est le capitaine. Il y a donc plusieurs générations de gens qui vivent dans les ponts. Ecoles, commerces, tout se passe à coursives fermées. La lutte des classes n’épargne pourtant pas cet univers de nantis. Si la petite bourgeoisie comme les artisans semblent accepter l’ordre établi, à fond de cale, les rats rêvent de révolution.
Les rats, ce sont les Immondes, la basse classe du bateau. Il paraît qu’ils ne savent pas parler. Ils peuvent seulement travailler et se taire. Jusqu’à ce que l’une d’entre eux s’échappe et rencontre Col…

Vous l’aurez deviné, il y aura donc un peu d’amour en toile de fond de ce roman qui parle de révolution, certes, mais aussi d’apprendre à ne pas seulement se fier aux informations que certains veulent donner. Si le message est intéressant, j’ai un peu regretté de devoir attendre aussi longtemps avant d’apprendre comment cet univers s’était créé. D’ailleurs, l’information elle-même est un peu noyée par le reste de l’histoire. Si la romance peut plaire aux filles, les nombreuses scènes de batailles plairont sans nul doute aux garçons. Néanmoins, s’il y a indéniablement de l’action dans cet ouvrage, il manque un peu de style je trouve. Difficile de dire si c’est le fait de la traduction ou de l’auteur, mais cette histoire, très visuelle, se transformerait plus facilement en film qu’en véritable oeuvre littéraire.
Comme de bien entendu, un tome 2 est prévu, qui répondra peut-être aux questions laissées en suspens.

 

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La Longue Marche des dindes de Kathleen Karr était une lecture plus satisfaisante. On y suit le périple de Simon, un adolescent de quinze ans. Tout le monde pense qu’il n’a qu’une cervelle de moineau, il vient même de quadrupler une énième année de primaire. Mais quand il découvre un troupeau de dindes surnuméraires et apprend que, mille kilomètres plus loin, il pourrait les vendre vingt fois plus cher que leur prix d’achat, il comprend très vite où est son intérêt. Bien décidé à ne pas se faire plumer, il réunit autour de lui une petite troupe de débris humains dont personne ne voudrait et il prend la route. Ensemble, ils démontreront qu’un brin d’astuce vaut mieux qu’un diplôme, et qu’une volée d’humanité est toujours plus apprécié qu’une volée de coups.
Simon est le narrateur de son histoire. Sa naïveté touchante et sa bonne volonté sont particulièrement bien retranscrites par l’auteur. On sent qu’elle a travaillé l’histoire (avec un grand et un petit H) comme le style, et elle a eu raison, puisque son livre a reçu des prix.

Alors, entre l’adolescent du presque futur et celui du passé, mon choix est fait. Et le vôtre ?

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