Le passeur

Dans le cadre du baby challenge littérature jeunesse sur Livraddict (et aussi parce que j'en avais beaucoup entendu parler), j'ai lu Le Passeur de Lois Lowry.

4ème de couverture : Le monde dans lequel vit Jonas est bien éloigné du nôtre : une société où la notion d'individu n'existe pas. Plus surprenant encore : ses membres ne ressentent rien. Ni amour ni haine viennent bousculer leur quotidien. Les gens ne meurent pas non plus. Ils sont "élargis". Tout comme le héros de cette histoire – un garçon de douze ans – le jeune lecteur brûlera de savoir ce qui se cache derrière ce terme si obscur.


L'auteur nous plonge dans un univers très policé. Les gens ne mentent pas, sont toujours polis et respectueux, se lient à tous les règlements imposés par la communauté… le tout sans poser de question.
Il y a des avantages certains à cette manière de vivre : pas de jalousie, de dispute, chacun sait exactement où est sa place… D'ailleurs même les métiers et les couples sont décidés par les Sages de la communauté, qui veillent ainsi à éliminer toute source de friction possible. Ces sages semblent assez pertinents…
Et puis, petit à petit, des failles apparaissent derrière la parfaite apparence de ce monde. Pour éliminer le mensonge, toute approximation de vocabulaire est interdire. Et si cela doit passer par des coups donnés aux enfants de trois ans qui apprennent à parler, c'est dans la nature des choses.
Les bébés sont élevés intégralement dans des crèches spécialisées et distribués dans des familles quand ils font leurs nuits (et gare à eux si ce n'est pas le cas quand ils ont 1 an). Les personnes plus âgées sont appréciées… mais disparaissent dès lors que plus personne n'a besoin d'eux.
Bref, ce monde parfait semble très vite être un cauchemar doré à nos yeux. Petit à petit, c'est aussi ce que comprend le personnage principal, qui éprouve la faculté étrange de "voir au-delà".

Ce livre est bien écrit, un peu inquiétant comme toute mise en scène d'un monde parfait. Si l'organisation de tout cet univers est assez logique, j'ai regretté par contre certains aspects fantastiques, inexpliqués, qui me semblaient presque de trop. C'est difficile de ne pas les dévoiler sans en dire trop sur l'intrigue, mais, selon moi, il y aurait eu moyen de conserver la trame de l'histoire sans recourir à des procédés "magiques", qui viennent se heurter au réalisme inquiétant de l'histoire.
La fin me laisse aussi très songeuse, parce qu'il est finalement peu évident de déterminer si elle est heureuse ou non.

J'ai vu que ce livre faisait partie d'une trilogie… mais articulée autour d'autres personnages. J'imagine qu'il faut les lire tous pour mieux comprendre le premier.
Cette lecture reste cependant assez agréable et fait réfléchir sur la société dans laquelle nous vivons.