En famille

Je ne suis généralement pas une grande adepte de la littérature dite "contemporaine". Les romans nombrilistes, écrits pour gagner des prix littéraires, m'ennuient une fois sur deux. Certes, ils contiennent des effets de style, mais ils oublient souvent de raconter des histoires.



Traits d'union de Jayne Anne Phillips est pourtant différent.
Dans ce roman, une jeune femme enceinte est confrontée à la maladie de sa mère, un cancer en phase terminale. On les suit pendant un an, de la naissance de l'enfant à la mort de la mère. Une année ponctuée d'événements familiaux (la première sortie à la plage, une fête d'anniversaire, un repas chez des amis…), autant de signes d'une vie qui passe pendant qu'une autre trépasse.

Là où l'on pourrait craindre un excès de sentimentalisme, l'auteur a su habilement éviter cet écueil. Certes, on comprend très vite qu'il n'y aura pas de rémission (même si on ne peut s'empêcher de l'espérer, juste un peu, en même temps que le personnage principal), mais ce livre n'est pas là pour nous faire pleurer, et reste très sobre sur tous les sentiments amenés par la mort.
Non, ce qui en ressort surtout, ce sont tous les liens entre la mère et la fille, cet ensemble de souvenirs, de vie commune, de transmission… Le livre donne envie d'être plus proche de ses parents, comme de ses enfants. Pour nous rappeler que la vie passe, justement, et qu'il faut savoir se parler tant qu'on en a le temps.
Il n'est jamais exprimé tel quel, mais il y a beaucoup d'amour qui se glisse entre les lignes.
C'est un beau livre, mais que je ne conseillerais pourtant pas à une personne confrontée récemment au cancer, parce que le texte ne néglige rien de la lente décrépitude liée à la phase terminale et de ce qu'elle provoque dans l'entourage de la malade. C'est un ouvrage très ancré dans la réalité, sans exhibitionnisme, mais sans fausse pudeur non plus.