mardi 19 mars 2013

Il était une rivière

Grâce à Livraddict et aux éditions  JC Lattès  que je remercie, j'ai pu lire Il était une rivière, de Bonnie Jo Campbell.
Il était une rivière

4ème de couverture : Murrayville, petite cité ouvrière du Michigan, située au bord de la rivière Stark. Margo Crane, seize ans, y a vécu toute son enfance au côté de son grand-père, qui lui a appris à tirer comme personne et à pêcher dans les eaux poissonneuses de la rivière. Lorsque son grand-père meurt, que sa mère l’abandonne, les adultes vont très vite trahir la confiance que la jeune fille, solitaire et fragile, leur avait accordée.
Seule au monde, Margo s’embarque dans le bateau de son grand-père et, munie de sa carabine, de quelques provisions et de la biographie de son héroïne, Annie Oakley, « la petite femme au tir sûr », elle part à la recherche de sa mère. Mais le paradis de son enfance est devenu un lieu dangereux et inhospitalier pour une jeune fille qui doit survivre par elle-même.
Au cours de cette odyssée à travers le Michigan rural, où le contact avec la nature est parfois violent, Margo va devoir transcender de nouvelles épreuves et décider du prix à payer pour accomplir ses choix et trouver la paix intérieure.



Je ne suis pas une spécialiste de la littérature naturaliste, mais j'aime bien les romans qui exploitent les espaces naturels. Parlez-moi de personnages qui se promènent dans des forêts sauvages, qui suivent le cours des rivières ou qui se rappellent la manière de vivre des trappeurs, et je suis tout de suite très attentive. Je trouve ça beaucoup plus passionnant que la vie en ville.
J'étais donc forcément très curieuse de découvrir cet ouvrage, dont la force évocatrice me tentait beaucoup.
On y découvre Margo, une jeune adolescente qui grandit comme elle peut dans une petite ville qui porte le nom de ses cousins. Ceux-ci sont tout puissants dans cette zone, ils possèdent la principale usine qui fait vivre les travailleurs du coin. Margo a sa place parmi eux, elle passe beaucoup de temps dans cette famille pleine de vie, de dynamisme... Jusqu'à ce qu'un drame arrive. Puis un autre...
Les événements néfastes se succèdent dans cette histoire, au rythme des décisions de Margo. Si elle ne peut vraiment être considérée comme responsable des premiers d'entre eux, elle a pourtant une large part dans ce qui suit. Elle est pourtant pleine de bonnes intentions, mais d'une manière un peu sauvage : elle fonctionne plus à l'instinct qu'à la réflexion. Margo est plus animale qu'humaine, l'un des hommes qu'elle croise la traitera d'ailleurs d'enfant-loup... Car, si Margo est parfaitement capable de se débrouiller toute seule (elle chasse, pêche, vide les animaux, connaît les plantes), elle semble pourtant rechercher sans cesse la compagnie des hommes, quitte à se rendre dépendante d'eux, un peu à la manière d'un loup qui aurait été apprivoisé et qui est en quête de cette sécurité.
Ce livre décrit un peu le retour à la nature d'une femme-enfant, au milieu d'une faune et d'une flore plus accueillante que ses confrères humains. Il est d'une belle puissance évocatrice : en le lisant, l'impression tenace de se faufiler sous les frondages des arbres est persistante. La rivière est bien sûr un élément crucial dans l'histoire de cette nymphe des eaux (surnommée Nympho par ses cousins... un mot pas si anodin au final), mais elle n'est pas le seul élément qui importe.
J'ai un peu regretté la fin, qui, sans laisser réellement d'éléments en suspens, laisse l'histoire continuer, à la manière d'un éternel cours d'eau. Peut-être parce qu'une part de moi a un autre regard sur les liens familiaux et ne peut admettre qu'ils puissent se distendre ainsi. Il était une rivière n'est certainement pas un roman familial, c'est celui d'une personne et de son combat pour trouver la place qui lui est sienne dans le monde... quitte à ne pas respecter les conventions.

un extrait : "Pourquoi est-ce que tu te préoccupes tant de ce qui est normal ? dit Smoke, d'une voix que Margo trouva étonnamment passionnée. P..., c'est déjà assez difficile de décider comment vivre... sans s'inquiéter de ce qui est normal. Garde ta foutue normalité pour toi."

Le site de l'auteur : http://www.bonniejocampbell.com/

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