vendredi 2 juillet 2021

Un foyer pour Naomi

 J'ai lu Un foyer pour Naomi de Alex Wheatle

Un foyer pour Naomi par Wheatle


4ème de couverture

Ce quatrième titre de la série Crongton, indépendant des autres, occupe une place à part dans la saga pour ado de Wheatle et raconte l'histoire de Naomi, une adolescente qui grandit (trop) vite dans une famille d'accueil, et se retrouve ballotée d'un foyer à l'autre. Mais Naomi a choisi sa nouvelle famille, qu'elle veut retrouver, envers et contre tout.

Wheatle raconte la vie d'une enfant que l'on traite comme un pion sur l'échiquier familial, dans un roman ado drôle, tendre, tragique et plein de courage, tout comme son héroïne Naomi.

C'est sans doute le roman le plus émouvant et personnel d'Alex Wheatle, dont la série Crongton connaît un succès européen de plus en plus important.

Une oeuvre d'écrivain consacrée à l'enfance qui reste à découvrir en France, où ses thématiques sociales (immigration, banlieues, familles et cultures populaires) sont tout aussi actuelles et importantes.


Mon avis :

Je n'ai pas lu les autres livres d'Alex Wheatle dans lesquels évolue la jeune Naomi. Je débarquais donc avec elle dans cet univers. Et cette jeune fille, frondeuse mais fragile, est très attachante. 

Pourtant, au début, j'ai eu du mal avec elle. Le récit emprunte son langage, sans fausse pudeur. Et un jeune ado élevé à la dure, balloté dans les foyers sociaux, ne s'exprime pas toujours vraiment avec douceur et poésie. Non, il y a des gros mots, des images pourries, de la violence parfois... Il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer à tout cela. 

Naomi est loin d'avoir eu une jeunesse facile : une mère décédée quand elle était très jeune, un père alcoolo dont elle s'occupe plus que l'inverse, des amies au foyer qui l'ont prise sous son aile mais qui lui enjoignent surtout de se méfier de tous les adultes et de voler...  Autant dire que quand elle arrive dans un nouveau foyer au début de l'histoire, la situation ne s'annonce pas nécessairement sous les meilleurs augures. Surtout qu'il lui a bien été précisé que c'est un foyer temporaire. Pensez donc : la famille qui l'accueille est noire, Naomi est blanche, elle risquerait d'être coupée de sa culture et ce serait mauvais pour elle si ça s'éternisait. D'ailleurs, l'assistante sociale qui gère le cas de Noémie s'inquiète souvent de savoir si elle n'est pas influencée ou dirigée vers des pratiques culturelles qui ne lui correspondraient pas. 

Ce livre parle donc aussi de racisme. Un racisme qui ne s'assume pas toujours totalement, et qui est présenté dans tous les sens : blancs contre noirs, noirs contre blancs... Les réflexions s'imposent, naturellement. Pas toujours dans la tête de Naomi, qui tente surtout de survivre et de s'adapter, mais dans celle du lecteur, c'est certain.

On y rencontre des personnages attachants (la famille qui accueille Noémie m'a beaucoup plu), des situations très très dures (je ne mettrais pas ce livre entre toutes les mains, il faut être bien accroché pour encaisser tout ce que ces personnages endurent). Ce n'est pas un livre pour les trop jeunes lecteurs, mais plutôt pour ceux qui ont déjà un certain bagage ou qui pourront parler de leur lecture. 

C'est un livre qui égratigne, qui accroche, qui remue... Malgré tout, certaines situations m'ont semblé parfois se résoudre trop facilement, ce qui peut sembler contradictoire. Et la fin me laisse un goût d'incomplet. Mais j'ai quand même apprécié ma lecture, et elle vaut le coup. Ne serait-ce que pour s'immerger un peu dans ce type d'univers, entre banlieues noires et enfants ballotés par la vie.


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