dimanche 6 octobre 2019

Il était une voix


J'ai lu Il était une voix de Marina Al Rubaee



4ème de couverture

« J’ai grandi avec des parents sourds. Aller à l’école fut un choc. J’y rencontrais un monde fait exclusivement de paroles et de sonorités. Je n’ai commencé à parler qu’à l’âge de six ans, puis je suis tombée amoureuse des mots. J’ai décidé d’écrire pour traduire en lettres les silences et les signes qui m’habitaient, pour les partager, leur donner du sens, un poids et une existence.»
 
C’est l’histoire d’une petite fille devenue femme, née dans une famille considérée comme différente et en difficulté par la société, du fait de la surdité de ses parents. Et pourtant, elle a senti, observé, vécu des situations qui sortent du commun et lui ont donné la force d’appréhender la vie autrement. Là d’où elle vient, on allume et on éteint la lumière pour faire remarquer sa présence. On ne dit pas, mais on «_parle_» et montre les choses avec les mains. Et on ne laisse jamais tomber.
Marina Al Rubaee nous invite à entrer dans une autre réalité, un univers où elle a dû très tôt prendre le rôle d’une adulte en devenant une aidante – quelqu’un qui s’occupe de proches en situation de dépendance.
Vue de l’extérieur, cette situation paraît extraordinaire alors que, pour elle, c’est une vie des plus ordinaires.

Ma chronique



J'étais très curieuse de découvrir de récit autobiographique, sur la vie d'un enfant entendant, grandissant forcément un peu à part de ses parents sourds. 
Au fil des pages, on sent toute l'émotion vécue par la narratrice, la pression que cela a représenté pour elle (à cause de l'entourage extérieur), ses difficultés justement à accepter le fait qu'elle était différente de ses parents. On y sent aussi énormément d'amour pour ses parents, de volonté d'avancer, pour eux, pour qu'ils soient fiers d'elle. Le combat incessant que cela a été transpire dans toutes les pages. 
Pourtant, malgré tout ça, la construction même du livre m'a laissé un peu en dehors de ce qu'elle vivait. Parce qu'il y avait parfois des répétitions de scènes ou de sentiments d'un chapitre à l'autre. Parce que, malgré un effort pour tenir une avancée chronologique, l'autrice faisait parfois des allers-retours entre les époques. Je crois qu'il manquait, à mon sens, d'une véritable vision globale de l'ouvrage (j'avais l'impression que les chapitres avaient été rédigés indépendamment les uns des autres) et cela a parfois entaché ma lecture. 
Le livre est intéressant, très intéressant même. Ce récit de vie évoque des choses auxquelles on ne penserait pas, éveille notre attention sur d'autres. On sent que l'autrice y a mis beaucoup d'elle-même, malgré une certaine pudeur naturelle. 
Ce n'est peut-être pas le meilleur qui puisse exister sur ce sujet, mais il reste abordable pour tout le monde, et aura au moins le mérite de nous faire mieux connaître une réalité qui nous est étrangère, à nous, entendants. 

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