jeudi 20 juin 2019

L'arrache-mots


J'ai lu L'arrache-mots de Judith Bouilloc


4ème de couverture


«  La phrase s’écoula de ses lèvres lentement, intelligiblement. Les enfants retinrent leur souffle. Au cœur de la bibliothèque de Pergame, la magie opéra encore une fois. Les caractères se décollèrent de la page en tremblotant, ils virevoltèrent sous le nez de la jeune femme avant de dessiner quatre silhouettes distinctes. Les gamins pouvaient reconnaître le marchand d’habits accoutré d’un magnifique pourpoint, et ses trois filles, dont l’une était vêtue avec moins de fanfreluches que les autres... c’était la Belle.  »

La jeune Iliade a un don merveilleux  : le pouvoir de donner vie aux mots et aux histoires. Ce don fait d’elle la bibliothécaire la plus célèbre de tout le royaume d’Esmérie.
Le matin où elle reçoit une demande en mariage presque anonyme, elle n’est sûre que d’une chose : son prétendant est un membre de la famille royale  !
Bien décidée à comprendre qui s’intéresse à elle et surtout, pourquoi cette personne lui propose un contrat de mariage si avantageux, Iliade se rend dans la capitale. Là-bas, elle découvre les fastes de la cour… et la froideur de son fiancé. Pourtant, elle finit par s’attacher et à lui et se retrouve, bien malgré elle, propulsée au cœur d’intrigues et de complots auxquels rien ne la préparait.



Mon avis


La première chose qui m'a très rapidement frappée quand j'ai lu ce roman, c'est quand est typiquement dans l'esprit de la Passe-Miroir de Christelle Dabos (mais avec un positionnement un peu plus jeunesse). Si vous avez lu ce dernier, vous retrouverez le même type d'environnement et d'interactions. 
La deuxième chose, ce sont tous les auteurs français (et leurs œuvres) cités au fil des pages. Ce qu'on ne voit pas si souvent en fantasy. 
La troisième, c'est que ce roman est une pure déclaration d'amour aux livres et à la lecture. Le principal rêve de l'héroïne, c'est de rentrer dans la plus grande bibliothèque du royaume. 

Ensuite, même si le parallèle avec La Passe-Miroir m'a parfois un peu gâché ma lecture, le scénario reste bien construit, avec des rebondissements auxquels je me suis laissée prendre. J'ai pris du plaisir en le parcourant. 
Mais...
Mais je l'ai parfois un peu trouvé faible dans la construction de l'univers ou dans certaines réactions des personnages. J'aurais aimé, je crois, que ce soit un peu plus creusé, un peu plus fouillé. Il m'a juste manqué cela pour être véritablement emportée par ma lecture...

Un petit grain de sable

J'ai lu Un petit grain de sable de Petra Hülsmann.



4ème de couverture :


Sans être maniaque, Isa, 27 ans, a une vie bien réglée. Voilà onze ans qu’elle travaille chez la même fleuriste, déjeune chaque midi dans le même restaurant vietnamien et regarde chaque soir un épisode de son feuilleton préféré.
Mais un petit grain de sable vient enrayer la belle mécanique... M. Lee a fermé boutique et le resto bobo branchouille qui a ouvert à la place ne sert pas de soupes de nouilles !
Le premier réflexe d’Isa est de prendre en grippe son nouveau voisin. Quel type prétentieux, ce Jens, et arrogant ! Mais n’est-il pas aussi terriblement séduisant ? Et célibataire...

Mon avis :


Je ne suis pas une grande experte de la littérature allemande, mais je commence de plus en plus à apprécier les auteurs et autrices de nos voisins.
Il y a beaucoup d'humour dans le personnage de cette fleuriste psycho-rigide qui veut que rien ne change dans sa vie. Elle a un planning bien établi (tel jour, c'est la lessive, tel jour la visite au cimetière... et surtout sa soupe de nouilles chinoises tous les midis). Quand son restaurateur préféré ferme et qu'un nouveau chef qui aime les expérimentations culinaires prend sa place, Isabelle est désespérée.
Mais quand elle est désespérée, elle n'est pas du genre à se laisser faire. Ça non : Isabelle va dire ses quatre vérités à ce cuistot qui refuse de lui préparer une soupe toute simple ! Quitte à se heurter de front à un homme un peu bourru qui n'a pas non plus pour habitude de céder facilement.
Dans ce maelstrom, il y a aussi son conseiller financier auquel elle voudrait bien faire les yeux doux, ses meilleurs amis qui ont décidé de quitter la ville et de l'abandonner pour aller vivre à la campagne et son feuilleton préféré qui est annulé.
J'ai beaucoup aimé Isabelle, sa naïveté, sa candeur, sa détermination aussi. De même que les personnages qui gravitent autour d'elle. Les événements s'enchaînent, on s'attache de plus en plus aux personnages, on a parfois envie de les pousser dans une certaine direction (bon, c'est une romance, c'est le jeu, non, de former ses paires de couples ?)... toujours avec cette touche de légèreté et de fraîcheur qui fait du bien.
Une lecture que je vous conseille pour l'été (oui, le dépaysement, c'est aussi juste de l'autre côté du Rhin).

mardi 4 juin 2019

La vie rêvée de Chloé Chevalier

J'ai lu La vie rêvée de Chloé Chevalier de Céline De Rosa



4ème de couverture :

Chloé a dix ans et vit à Paris avec ses parents et son jeune frère Ethan, de deux ans son cadet. C'est une préadolescente bien en avance sur son âge, une solitaire férue de civilisations anciennes et de lecture qui, dès que l'occasion se présente, s'isole dans sa chambre.
Des amis, elle n'en a pas. Des amis, elle n'en veut pas vraiment. 
À son âge, elle est déjà consciente que le monde n'est pas si beau... 
Ses parents décident de quitter le douillet seizième arrondissement de la capitale et leurs professions plus qu'enviables pour vivre une belle expérience en Australie. Leur façon de voir la vie va changer. Du tout au tout. Mais ce n'est que le début d'une longue série d'histoires extraordinaires. 
Un livre pour se distraire, voyager et apprendre... des tas de choses !!! 
Pour les curieux... petits et moins petits !

Mon avis :


J'avais beaucoup d'attente pour ce roman. Des voyages, de la découverte, du dépaysement, les difficultés d'adaptation à l'idée de partir ailleurs... Il y a certes un peu de tout cela, mais j'ai pourtant été globalement déçue.
Le ton est vraiment celui d'un roman jeunesse, mais avec des lourdeurs et des répétitions qui prennent un peu, à mon sens, les jeunes lecteurs pour beaucoup plus distraits qu'ils ne le sont. Le roman est présenté comme un journal intime, mais adressé aux lecteurs, et la narratrice, régulièrement, rappelle ce qu'elle a déjà dit plus tôt, au cas où, elle le précise, on aurait oublié. Ce que j'ai trouvé un peu maladroit, pour ma part, et ampoulé.
Ce personnage était pourtant intéressant, cette jeune demoiselle de 10 ans, en avance pour son âge, curieuse, monomaniaque, qui a du mal avec les interactions sociales (limite Asperger, je pense). Son regard sur ce voyage pourrait être passionnant. Sa candeur, par moments, est véritablement touchante. Mais l'autrice ne parvient pas à maintenir ce ton, et oscille entre un faux ton d'adulte qui veut se faire passer pour un enfant et celui qui est la vraie voix de son héroïne.
En ce qui concerne l'aspect voyage, il reste survolé. On découvre un peu la culture de l'Australie, mais c'est donné par moments d'une façon un peu encyclopédique, comme si tout d'un coup l'autrice se rappelait que ce livre était là pour nous apprendre des choses. Et comme il ne se passe pas de nombreux événements à part ce voyage, le roman est un peu plat.
C'est dommage, parce qu'il y avait de vraies bonnes idées, et que le thème est génial. Mais ces maladresses font que j'ai décroché très vite du récit, et que je ne lirai sans doute pas la suite, alors même que j'adore l'idée de ces voyages en famille...

jeudi 30 mai 2019

La librairie des rêves suspendus


Grâce à Netgalley, j'ai pu lire en avant-première La librairie des rêves suspendus de Emily Blaine


4ème de couverture


Sarah, libraire dans un petit village de Charente, peine à joindre les deux bouts. Entre la plomberie capricieuse de l’immeuble, les murs décrépis et son incapacité notoire à résister à l’envie d’acheter tous les livres d’occasion qui lui tombent sous la main, ses finances sont au plus mal. Alors, quand un ami lui propose un arrangement pour le moins surprenant mais très rémunérateur, elle hésite à peine avant d’accepter. C’est entendu  : elle hébergera Maxime Maréchal, acteur aussi célèbre pour ses rôles de  bad boy  que pour ses incartades avec la justice, afin qu’il effectue en toute discrétion ses travaux d’intérêt général dans la librairie. Si l’acteur peut survivre à un exil en province et des missions de bricolage, elle devrait être capable d’accueillir un être vivant dans son monde d’encre et de papier… 

Mon avis


Je ne lis pas très souvent de la romance. Mais comment voulez-vous résister quand on vous allèche avec une romance qui met en scène une amoureuse des livres ? Sarah ne vit que pour les livres, par les livres... Elle n'est pas du tout prête à faire entrer Maxime dans sa vie, cet acteur écorché vif qui parle avec ses poings. Et lui n'a pas plus envie de se retrouver dans le giron de cette libraire effarouchée par son ombre.
Pourtant, ils vont être forcés de cohabiter.
On a là les principaux ingrédients d'une romance, les personnages sont en place, ouvrez le rideau...
J'avoue que j'ai pris du plaisir à côtoyer ces personnages. Ils sont attachants, avec leurs failles, les moments, surtout, où ils arrivent à se dépasser eux-mêmes. 
J'ai un peu regretté certaines facilités dans le roman, un manque de suspense (un fleuriste faisait battre le cœur de notre libraire, l'acteur se méfie de lui, sans expliquer pourquoi... j'aurais voulu que cela aille un peu plus loin). 
Certains épisodes m'ont fait lever les yeux au ciel et pourtant j'ai continué ma lecture, et si je l'ai continué, c'est parce que je l'ai appréciée. Parce que, oui, on s'attache à ces deux héros, même si le scénario est parfois un peu convenu. Et on se demande même (tout en sachant que, forcément, ça finira bien puisque c'est une romance) comment ils vont réussir à vivre quelque chose ensemble. Là encore, la solution choisie par l'autrice n'est pas forcément celle que j'aurais préconisée. Mais je suis un peu comme ça : j'aime la romance, parfois, et aussi parce qu'elle ne ressemble pas à ce qu'on ferait dans la vie. Lire pour rêver, c'est bien aussi, non ? 

L'asperge

J'ai lu L'asperge de Sarah Morant


4ème de couverture

Tiens la porte pour la personne qui se trouve derrière toi. Dis bonjour d'un signe de tête à tes professeurs. Souris si tu croises le regard de quelqu'un.
J'ai toujours eu besoin de Post-it pour savoir comment réagir. Ne pas être trop froide. Ne pas parler trop fort. Rire au bon moment. Quand on n'a pas les codes, le monde est très compliqué à comprendre. Et quand on ne comprend pas le monde, comment peut-on se comprendre soi-même ? Peut-être qu'un jour je trouverai quelqu'un ne cherchera pas à me rendre "normale". Quelqu'un avec qui je n'aurai pas besoin de ces fichus Post-it. Cela dit, peut-être que je le connais déjà…

Mon avis :

Quand j'étais adolescente, j'ai dit pendant des années que je voulais travailler avec des enfants autistes. C'était l'époque où on lisait Torey L Hayden et où je m'émouvais pour tous ces enfants en souffrance.
Puis j'ai grandi, je me suis sentie moins capable de m'en occuper, et j'ai fait autre chose. J'avais l'impression de ne pas être à la hauteur pour les aider, ce qui ne m'a pas empêché de garder un intérêt pour ces parcours atypiques (mais quel parcours l'est).
J'apprécie donc beaucoup, depuis quelque temps, de voir apparaître sur les rayons des livres qui mettent en avant des personnages autistes. Ou Asperger, qui est l'une des formes de l'autisme, comme dans le livre de Sarah Morant.
C'est une très belle histoire, accessible à tous, qui donne envie d'arrêter de mettre de côté quelqu'un juste parce qu'il ne ressemble pas à ce qu'on connaît. Je me suis attachée à ces personnages, j'avais envie de les protéger, de les aider à grandir... et ils se débrouillaient très bien tout seuls. Ou, plutôt, Sarah Morant les aidait à se débrouiller.
Je trouve que les différences de son personnage sont très bien montrées, avec beaucoup de délicatesse, et ce n'est pas facile à faire, donc j'applaudis des deux mains.
Il voulait que sa jumelle comprenne à quel point tout le monde était différent. C'était le plus beau cadeau de la génétique, et le plus enrichissant aussi.

L'histoire est bien construite et malgré quelques ellipses qui m'ont parfois gênée (mais c'est vrai parce que je suis difficile), elle se suit sans encombre.
C'est à la fois une romance et une histoire d'acceptation de l'autre (je n'aime pas le mot "tolérance" qui limite trop à mon sens).
Il voulait regarder sa petite copine et pouvoir dire que ça n'avait pas toujours été facile, mais qu'ils s'étaient choisis. Et qu'ils se choisissaient encore chaque jour qu'ils passaient ensemble.

Bref, je vous la conseille pour un moment de douceur et de tendresse.

Elevation

J'ai lu Elevation de Stephen King



4ème de couverture

Dans la petite ville de Castle Rock, les rumeurs circulent vite. Trop vite.
C’est pourquoi Scott Carey ne veut confier son secret à nul autre que son ami le docteur Bob Ellis. Car avec ou sans vêtements, sa balance affiche la même chose, et chaque jour son poids diminue invariablement. Que se passera-t-il quand il ne pèsera plus rien ?
Scott doit également faire face à un autre problème : les chiens de ses nouvelles voisines ont décidé que sa pelouse était le lieu idéal pour faire leurs besoins. Entre le couple et Scott, la guerre est déclarée. Mais lorsqu’il comprend que le comportement des habitants de Castle Rock, y compris le sien, envers les deux femmes mariées met en péril le restaurant qu’elles ont ouvert en ville, il décide de mettre son « pouvoir » à contribution pour les aider.

Mon avis


Ce n'est plus un secret pour personne que je suis une fan de Stephen King. Une fan plutôt de la première heure : j'ai adoré ces titres d'avant les années 2000, je ne suis pas toujours emballée par les plus récents.
Mais je suis quelqu'un de fidèle, et je ne peux m'empêcher de regarder quand il ressort quelque chose. Et là, cette nouvelle (donc courte) ne pouvait échapper à mon attention.
Stephen King est généralement très douée dans l'écriture de textes brefs.
Ici, dans Elevation, comme c'est l'une de ses spécialités, il fait comme souvent allusion à certains événements ou personnages issus de ses autres textes (vous retrouverez au passage Gwendy et la boîte à boutons).
Cette histoire était bien. C'est du Stephen King, quand même. Les personnages sont (très) bien construits, l'ambiance de cette petite ville est toujours incroyablement juste.
Et pourtant, je n'ai pas réussi à accrocher totalement au thème de l'histoire, à cet homme qui perd de la masse sans explication. Ce qui m'a agacée, parce que ce qu'il vivait était intéressant. Mais je suis encore parfois un peu trop cartésienne et je n'aime pas quand on me dit "c'est comme ça, il n'y a pas de sens, pas d'explication, et puis c'est tout" (cela dit, avec Stephen King, quand il donne une explication, ce n'est pas toujours convaincant non plus, donc c'est peut-être mieux).
Néanmoins, pour le plaisir de retrouver sa plume, lisez-le. Pour la découvrir, il existe d'autres textes qui seront plus efficaces, selon moi.

jeudi 16 mai 2019

Ali

J'ai lu Ali de Shealynn Royan


4ème de couverture

« Jeune fille brune, 1,70 m, aux yeux ambrés (qui prennent la couleur du sang quand elle a faim), âgée de 400 ans et des poussières, aimerait rencontrer âme sœur immortelle pour passer le reste de sa très longue (infinie, en fait) vie en sa compagnie. Pas sérieux, humains et enchanteurs s'abstenir. » Si j'étais parfaitement honnête, je préciserais que je passe mon temps à mentir et à fuir pour tenter d'échapper à l'O.D.E. qui a décrété que je suis un prédateur de trop dans la chaîne alimentaire. Enfin, ce n'est pas comme si j'allais réellement publier cette petite annonce. Je dois me faire une raison, ma vie est tragiquement complexe et ne laisse aucune place à l'amour. En tout cas, j'en étais persuadée, jusqu'à lui... Comment survivre dans ce monde qui nous considère comme des monstres ? Entre la peur et la haine, il n'y a qu'un pas que l'ordre des enchanteurs a franchi depuis des siècles. Ali et ses amis vont s'opposer de toutes leurs forces à cette injustice, car personne ne devrait décider de qui peut vivre et de qui doit mourir.

Mon avis

Je ne lis plus trop d'histoires de vampires. J'ai l'impression que le thème a été surexploité, et j'en suis un peu lassée, pour tout dire (ça m'arrive souvent avec certains thèmes, puis ça me revient). Et pourtant, je me suis laissée emporter par Ali.
Cela ne s'est pas passé tout de suite. Au début, mon esprit un peu trop sarcastique a juste commenté "oh, encore une histoire d'une pauvre vampire qui ne supporte pas ce qu'elle est" (oui, parfois mon esprit n'est pas sympa du tout). Et puis les autres personnages sont entrés en scène, la sensibilité d'Ali a réussi à me toucher... et j'ai trouvé cet Emrys, qui débarquait dans sa vie, assez attirant.
Je crois que ce qui m'a le plus plu dans ce livre, c'est tout l'univers créé autour. Ces enchanteurs qui pourchassent les vampires, que l'on devrait logiquement soutenir et que pourtant on a juste envie de détester. Ces êtres mythologiques qui attendent dans la marge et qui surviendront peut-être dans un prochain roman du cycle (car je me suis laissé dire, dans l'oreillette, qu'il pourrait y avoir une suite à Ali). Ces familles, avec leurs secrets. Cet amour contre lequel il est impossible de lutter (mais, genre, vraiment impossible. Moi qui ne crois pas au coup de foudre, j'ai été servie !)
Bref, vous l'aurez compris, l'autrice a réussi à m'emporter dans son monde. Elle me redonnerait presque envie de relire des histoires de vampire. Elle m'a surtout donné envie de me balader du côté des villes visitées par son personnage et d'avoir des copines aussi sympa que cette dernière.