mardi 29 octobre 2024

Babel de Rebecca F. Kuang

 J'ai lu  Babel de Rebecca F. Kuang  (traduit par Michel Pagel)

Babel par Kuang

4ème de couverture

Un acte de traduction est toujours un acte de trahison.1828. Un jeune orphelin chinois est recueilli à Canton par un professeur et conduit à Londres. Rebaptisé Robin Swift, le jeune garçon consacre ses journées à l'étude des langues dans l'optique d'intégrer le prestigieux Institut royal de traduction de l'Université d'Oxford, plus connu sous le nom de Babel. Berceau de l'argentogravure, les étudiants y exploitent le sens perdu des mots à l'aide de barres d'argent enchantées.

Dès ses premiers jours à Oxford, Robin prend conscience que ces travaux confèrent à l'Empire britannique une puissance inégalée et servent sa soif de colonisation, au détriment des classes défavorisées de la société et de ses territoires. Servir
Babel revient donc à trahir sa patrie d'origine.
Peut-il espérer changer
Babel de l'intérieur ? Ou devra-t-il sacrifier ses rêves pour faire tomber cette institution ?

Mon avis

Quelle claque ! En tant qu'amoureuse de la langue, il aurait été vraiment dommage que je passe à côté de ce titre. Ce roman foisonnant fait la part belle aux mots, à leur pouvoir comme à celui de la traduction, à tout ce que cela implique culturellement. C'est riche, tellement que l'on peut parfois s'y perdre. Et pourtant, c'est aussi un roman, avec ses personnages riches, ses rebondissements inattendus, ses réflexions pertinentes, cette aventure qui se tient jusqu'à la dernière page !

Quand je pense que ceux qui liront ce livre seront surtout des amateurs de fantasy (car il y est question de magie) et que tout un pan de la communauté littéraire passera à côté, ça me désole pour eux. Car le texte amène tellement de pensées sur le colonialisme, la manipulation politique, les aspects économiques de la société... Je n'ose imaginer la quantité de travail qu'il a représenté, de recherches et de réécritures.

Il est fourni en faits historiques à peine modifiés, et tellement important culturellement. Mais sans jamais être trop imposant, juste avec la distance nécessaire pour qu'on se laisse porter par le récit, qu'on avance avec lui et ses personnages, qu'on s'y attache, qu'on aie envie de les aider, de se demander si on aurait fait mieux qu'eux. Car chacun d'eux est attachant (je n'ai tellement pas eu envie d'y croire lors d'un décès, tout comme le personnage principal d'ailleurs, ce qui prouve là aussi la réussite de l'écriture).

Alors, oui, le texte n'est peut-être pas abordable pour tout le monde, il faut accepter de se poser, de se laisser prendre par la main, de ne pas tout comprendre parfois, de ne pas être dans l'action en permanence (et pourtant il y en a). C'est un ouvrage un peu OVNI, mais qui mérite tellement qu'on lui donne sa chance. Merci aux éditeurs qui l'ont fait !


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